Textes

Symphonie
egare

« Nous avions répondu à ton invitation de participer à une dévoration (en ce qui me concerne !) d’un plat dont tu as le secret et qui est pour moi un merveilleux souvenir d’enfance. Alors que nous gagnions la table, Turid nous arrêtat devant un panneau qui synthétisait une œuvre récente que t’avait inspirée la ligne 1 du Métropolitain. Quand j’écris ” inspirée ” c’est parce que ce que tu nous montrais et commentais ressortait bel et bien de l’inspiration. Nous étions sous le charme de l’originalité de ce parcours où ton oreille n’avait plus entendu l’annonce des stations de la ligne mais la musique à l’état pur. C’est alors que je t’entendis me demander d’écrire. Je fus surpris car tu sais très bien que je ne suis ni critique ni historien, toi qui m’as accompagné à Digne, à Marseille et à Toulouse lors de ce que j’appelle mes Célébrations. A ces souvenirs je fus rassuré, j’allais à mon tour t’accompagner en ajoutant quelques lignes à la ligne 1 sans savoir si elles auraient le don de te plaire.

Le musicien c’est toi, je ne suis qu’un brasseur d’images et de mots alors je vais me mettre à l’écoute de ceux que tu as entendu, oh, pas tous, je ne descendrais pas à chaque station, je vais choisir et pourquoi pas simplement le début et la fin de la ligne. Ce qu’il y a entre, et j’adore les ” entres ” en tous genre, tu t’en es occupé et plutôt bien. Alors je monte dans le train à Vincennes, même si la gare, c’est normal une gare pour partir en voyage, est au pied du sinistre château où ils ont enfermé Donatien, je préfère dire qu’elle est à l’orée du bois, celui où les fées se cachent dans les hêtres. Pendant le voyage, je t’écouterais puis nous descendrons à Etoile et on ira boire un verre.

Mais me diras-tu la ligne continue, elle ne s’arrête pas là. Je sais, mais je ne veux pas aller à la Défense, la défense de quoi d’ailleurs, on en sait rien, alors je descends à Etoile. On a fait un beau voyage et je te remercie en me demandant ce que tu pourras faire de ce texte. Je te l’avais bien dit que je n’étais ni critique ni historien ! »

Paul-Armand Gette

« Tirer parti, tant plastiquement que musicalement, des données propres à un phénomène auquel nous sommes confrontés plus ou moins quotidiennement, en l’occurrence un trajet dans le métro, est un défi que se sont proposés de relever conjointement Bernard Pourrière et Hervé Passamar dans MétrOpéra. Certes, leur démarche se charge incontestablement d’une dimension ludique, mais elle repose également sur une analyse très attentive et rigoureuse des faits visuels et sonores attachés à ce type d’activité, s’ouvrant dès lors sur des qualités d’invention et d’improvisation qui nous permettent d’échapper, ne serait-ce qu’un instant, à la banalité routinière qui leur est généralement associée. La voie vers une subversion de ce qui passe pour être le réel semble ainsi toute tracée. Il nous revient de nous en saisir… »

Jean-Yves Bosseur
Directeur de recherche au CNRS
Compositeur
Musicologue