Métro, Ligne 1

Chaque station de la ligne 1 du métro de Paris est annoncée à deux reprises par des voix synthétiques enregistrées (le retour progressif à des voix « humaines » est programmé, « pour retrouver de l'humanité, redonner de la chaleur »*).

MétrOpéra

Ligne 1

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Le projet MétrOpéra s’est intéressé à ces voix entendues chaque jours par des milliers de voyageurs et qui illustrent parfaitement le rapport complexe qu’entretiennent son, information et musique dans notre environnement.

L’intonation des annonces (interrogative pour la première, affirmative pour la seconde) produit en effet une « musique », que nous avons entrepris de révéler, souhaitant transformer un message informatif en création musicale et artistique originale.

Tous nos mots sont aussi une musique, mais il est marquant que ceux annonçant les 25 stations de la ligne 1 sont porteurs d’une musicalité plus grande encore : sur le modèle d’une phrase musicale, ces voix se déplacent en tension, puis en détente, de la tonique à la dominante pour revenir sur la tonique en fin de phrase, accentuant les écarts jusqu’à l’octave.
Si la musicalité de la langue est due à la hauteur et l’intensité des voyelles, l’intonation prosodique (mélodie, intonation, rythme, écarts de sons, pauses) est ici fortement accentuée, produisant une combinatoire musicale surprenante.
Les voyageurs sont donc entrainés dans un véritable parcours intonatif où, comme dans un poème, les voyelles et les consonnes sont porteuses d’un rythme, le décompte de syllabes produit rythmes binaires ou ternaires, et où les coupes délimitent des mesures.

Plus que de la détourner, nous avons choisi d’interpréter au sens classique cette musique « sous jacente », latente, s’appliquant à en écrire la partition, puis, comme dans le jazz, d’improviser librement, transformant progressivement cette matière ordonnée aux notes parfaitement agencées, s’acheminant vers des formes sonores et visuelles répétitives, à l’instar de celles transportant de station en station les spectateurs/voyageurs dans un imaginaire à la fois étrange et familier.

Indissociable du son, fondamentalement liée à la partition, la vidéo réalisée développe et amplifie les notions de mouvement, de déplacement dans l’espace et le temps suggérés par la musique. Conçus sur les mêmes principes (durée, vitesse, rythme, silence, tensions, détentes, intensité), musique et images interagissent et se confrontent. Enfin, tout comme la musique, la gestuelle des corps n’y est pas narrative : elle se décompose et se compose tour à tour, laissant paraître diverses énergies, montrant le voyageur s’effacer ou s’affirmer, au gré des propositions sonores et du temps qui s’écoule.

Ce projet s’attache donc à révéler l’importante musicalité dont est porteur tout message, la forte porosité entre des dimensions à priori étrangères ici réconciliées : démarche pratique et informative efficiente et contenu artistique, culturel et poétique.

Il était donc normal qu’un plasticien/vidéaste (Bernard Pourrière) et un musicien (Hervé Passamar) s’associent pour concevoir et réaliser le projet MétrOpéra qui se décline en trois actions distinctes :
– Une vidéo de 7 minutes, création originale, diffusable sur tous supports (L 1) intégrant la partition.
– Des performances associant les deux artistes, réalisées in situ (Station to Station)
– Un spectacle chorégraphique, intégrant vidéos, danse contemporaine et musique live (Trafic Danse).

Hervé Passamar : textes, compositions, saxophones
Bernard Pourrière : vidéos, sons électroacoustiques

* Source: RATP

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MétrOpera Ligne 1, Nice 19-01-2017

Extrait 1

Extrait 2

Extrait 3

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