Egaré

Ici gare, Ici gare, je répète
D’autres trains partiront
Beaucoup de voies s’offrent à vous
Vous êtes à la croisée
Choisissez la bonne
A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K,
Les détours, ça va un moment
Décidez vous maintenant
Il est encore temps
Mais prenez garde tout de même
A la fermeture des portes
Gare, gare
A la clôture automatique
Au repli définitif
Aux faux espoirs
Aux mauvais départs
Et aux voies sans issues

Je m’égare encore
J’erre, je flâne
Contenance obligée, désemparé sur le quai
Passager sans destin
Il faut pourtant trouver sa voie
Gare, je cligne les yeux

Je cligne les yeux pour lire des panneaux
Sans comprendre d’où l’on part
Vers des destinations que nous ne savons choisir
Je saute sur mes pieds, je m’approche des lettres
En vain

Alors j’entends la voix
« Madame, Monsieur, autres, divers genres »
Ah, c’est pour moi, c’est à moi que tu parles
Une adresse qui me va comme un gant
Pour une fois

Mais je suis heureuse, heureux,
Autrement heureuse, diversement heureux
Tu égrènes voies, villes
D’inimaginables circuits
De prodigieux itinéraires

… Uzeste, Sète, Calvi
Le Boulou, Majastres, l’Estaque ville
l’Estaque plage…

Levez les yeux vers la voute, regardez le ciel qui se dessine entre les
poutrelles d’acier. La voie lactée !
La voie lactée ? Pourquoi pas la lune tant qu’on y est
Allez, un petit croissant, pour la route
On promet toujours la lune aux égarés…